Première étape : Quitter le port

4- Les besoins de conformité

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25 réponses à “Les besoins de conformité”

  1. Couret Marie dit :

    Nous laissons nos enfants très libres, et nous sommes contents justement qu’ils ne se fondent pas dans la conformité. Mon fils de 6 ans a déjà tournoyé dans une robe reine des neiges. Ma fille est allée jouer dehors avec manteau bonnet chaussettes et sandales 🤣. On part du principe que tant qu’ils ne font de mal à personne c’est OK. Ils sont à l’école cette année, je regrette amèrement, car les commentaires du genre « non c’est pour les filles  » ou « non c’est pour les garçons  » commencent à s’entendre à la maison…

  2. GUIDET AUDE dit :

    Qu’est-ce que vous imposez à vos enfants en termes de conformité ? Quelle marge de liberté leur laissez-vous ?

    C’est une question très difficile pour moi. Je tente de laisser mes enfants choisir par eux-mêmes mais mes limites sont bien ancrées et il est difficile de les faire sauter. Je tente de les grignoter petit à petit mais le travail est extrêmement long et délicat. Je pense tout de suite aux cheveux trop longs, aux ongles non coupées et tout noir et bien sûr au travail scolaire que j’impose. La grosse difficulté est que cette crainte de non-conformité est profondément ancrée et associée à des émotions très difficiles qui ne peuvent se déloger d’un tour de main. Je pense qu’au-delà de l’école, ma vie d’enfant était trop peu conforme à celles des autres à mon goût, j’aurais rêvé petite être « plus comme tout le monde ». Ma mère étant porteuse de handicap physique, cela nous rendait très visible et non conforme. Bien que j’aie conscience de cela, il est extrêmement violent pour moi de ne pas m’y heurter quand mes enfants ne veulent pas faire « à minima » (selon moi) comme tout le monde. La prise de conscience ne suffit pas toujours pour avancer sur ces sujets, elle est nécessaire mais le chemin peut encore être très long par la suite.

    • Thierry Pardo dit :

      Merci encore pour ce témoignage extrêmement touchant. On se construit dans le regard des autres et personne ne peut véritablement s’extraire de son environnement, époque ou culture. Seulement certains ont besoin de cette conformité, d’autres y naviguent tant bien que mal, mais pour d’autres encore c’est un fardeau, un poids qui les étouffe. Connaître son rapport à la conformité est déjà un grand pas.

  3. Catherine Caron Béliveau dit :

    On peut être amenés à réfléchir en tant que parents et se demander quand on parle à des enfants, quel est le degré de conformité que je leur demande?
    Encore une fois, j’envisagerai cette question sous l’angle de maman et sous l’angle d’enseignante.
    En tant que mère, je m’efforce de laisser une certaine liberté à ma fille. Malgré tout, je me surprends souvent à lui exiger de porter tel ou tel habit parce que les couleurs de vont pas ensemble, de lui dire qu’on ne peut pas mettre une jupe par-dessus un pantalon, etc. Et pourquoi? Ce sont des choix qui semblent en apparence très banals mais enfin, pourquoi lui exiger de s’habiller comme je le veux. Qu’est-ce que ça peut bien faire si ma file de 4 ans sort avec un chandail rayé une jupe à carreaux… Ce faisant, je l’empêche de devenir autonome et je tue sa créativité. Même lorsqu’elle dessine, j’ai le réflexe de la guider, de lui demander de rajouter des détails quand en fait, il était très bien comme ça son dessin. Ceci dit, je m’efforce de lui laisser plus de liberté et la possibilité de choisir plus souvent.
    À l’école c’est une autre histoire. Je me rends compte qu’il y a beaucoup d’incohérences que je perpétue de par ma propre expérience scolaire, sans trop me poser de questions. C’est comme ça, c’est tout. Par contre, lorsque je réalise à quel point certaines règles n’ont aucun sens et que j’essaie de m’y opposer, voilà que c’est moi qui sors de la norme en tant qu’enseignante. Sortir jouer dehors en dehors des heures de récré simplement parce qu’il fait beau, aller prendre des marches pour le plaisir, laisser les élèves s’assoir par terre pour écrire s’ils en ont envie, parler dans le corridor, etc. En m’opposant ainsi à la conformité, je sens que les élèves sont plus heureux mais c’est alors moi qui subis le regard de mes collègues ou de la direction. Je peux même me faire avertir que mes élèves sortent trop souvent de la classe pour aller aux toilettes…Je dois amener tout le groupe en même temps. Bien évidemment je les laisse sortir, mais on entend ensuite des commentaires au sujet d’enseignants qui laissent sortir les élèves trop souvent. Et ce n’est qu’un exemple. Il y a même des activités dirigées aux récréations. Les élèves doivent s’inscrire à l’activité désirée même dans la cour! Pour leur sécurité et pour moins de chaos nous dit-on. Alors bien évidemment tant de conformité est étouffant, mais comment s’y opposer quand les consignes viennent de nos supérieurs et que tous semblent trouver ça normal. On se retrouve un peu à nager à contre-courant. Je ne veux pas excuser les enseignantes, qui comme moi participe à cette oppression. Je suis consciente que les choses devraient se passer autrement. Mais même avec les meilleures intentions, il est difficile de se sortir de cette conformité lorsque tout est systématiquement organisé de la sorte.
    Bien entendu, comme nous vivons en société une certaine norme est nécessaire pour le vivre-ensemble. Par contre, il faut sonner l’alarme lorsque cette norme brime nos libertés fondamentales.
    Ceci dit, la prise de conscience est une première étape importante pour intervenir et passer à l’action si on veut des changements significatifs. On est souvent ébloui par l’’évidence’’.

    • Thierry Pardo dit :

      Oui bravo pour cette prise de conscience, le premier pas est de fuir les milieux toxiques. L’école n’est pas là pour le bonheur des enfants mais pour canaliser les peurs des adultes. Bien sûr il est impossible de prendre conscience de tout ça sous le regard des collègues et sous les consignes de la direction. Le métier de professeur est très précisément de ne pas laisser les enfants apprendre par eux-mêmes. Alors bravo de nager à contre courant, quand on vient de loin la tâche est plus difficile mais la confiance en nos enfants doit servir de guide.

  4. Marie dit :

    Merci Thierry pour ce partage, cette vision. Ces informations résonnent.
    Depuis une dizaine d’année, j’ai l’impression de détricoter ce qui m’a été tricoter depuis ma petite enfance.
    J’ai encore du travail, je le sais, et cette formation m’amène à de belles réflexions…
    Bref, je me demande quand j’arriverai à me voir vraiment du coup (fin de détricotage 😉 et je me dis quand même « que de temps perdu… » C’est la vie (?)
    J’ai à cœur d’éviter tout ce tricotage/détricotage à mes enfants, qu’ils se construisent « directement » est mon intention

  5. Marie Wendenbaum dit :

    Bonsoir, que cette question me bouscule, d’abord que j’ai enseigné en collège pendant 10 ans et ensuite parce que je suis maman de jeunes 2 enfants avec qui je pratique l’IEF depuis septembre 2020. Je me questionne tous les jours depuis ce choix d’une liberté éducative, ce n’est pas simple d’ouvrir les yeux sur ce que j’ai été face à mes élèves pendant toutes ces années. Moi qui m’étais dit que je ne voulais pas user de l’autorité ni abuser de mon « statut » d’enseignant pour faire « rentrer dans le rang » tous ces ados retords aux lois de l’école ! En lisant vos lignes Thierry, je me rends compte de ce qui s’est opéré en moi, ce formatage que j’acceptais de reproduire et d’imposer à mes élèves. Je ne veux plus de ça pour mes enfants aujourd’hui ! J’ai quitté l’Education Nationale pour faire un autre métier plus en accord avec mes convictions et dans lequel je m’épanouis aujourd’hui, je me sens libre. Alors, j’ai eu envie de cette liberté pour mes enfants! Le choix de l’IEF était pour répondre à ce besoin de s’éloigner des injonctions mortifères : « dépêche-toi », « On est en retard », « Non, ne fais pas ça », « Tu n’as pas le droit », « c’est interdit », « tu dois demander la permission »…et j’en passe!!!! Et maintenant, Mr Macron voudrait nous priver de cette liberté ?!? Je me sens tellement trahie et niée, empêchée, comme punie…

  6. Candy Gill dit :

    C’est un sujet sensible que celui de la conformité car nous y sommes tous confrontés chaque jour. Par exemple aujourd’hui avec le port du masque, (sans vouloir polémiquer); certains s’y conforment car le regard des autres est insupportable par moment. On se conforme par confort et facilité bien souvent.

  7. Elodie Martre dit :

    La conformité… Accepter d’etre différent, élever ses enfants en leur apprenant à se respecter, à s’ecouter, à leur apprendre le « qui JE suis »… C’est un long chemin, et il est omportant de se detacher de nos croyances…
    Apres je remarque aussi que les enfants se recherchent dans la conformité aux autres afin d’appartenir à un clan…
    Je crois que l’ on passe tous par là, apres libre à nous de nous en detacher

  8. Pauline Josselin dit :

    Merci pour la vidéo 🙂
    Je suis totalement en phase…j’ai fait un gros travail de dev personnel pour sortir de la conformité et des attentes de la société. Je relie alors les points…je le pressentais mais il m apparaît maintenant évident que l’école m’a profondément inhibée.
    Bon après ça donne du travail aux pro du développement personnel pour nous réapprendre l’authenticité 😁

  9. LAURENE CLOUZEAU dit :

    Cette étape me bouscule… me questionne énormément.
    En effet, lorsque l’on pense, dit et agit différemment, nous sommes à la marge et la société peut nous sanctionner de différentes manières.
    Indépendamment de cela, il me semble indispensable qu’il y ait des règles tout de même pour vivre tous ensemble…

    Je comprends tout à fait votre discours mais je ne vois vraiment pas comment cela est possible… Cela va m’occuper à penser ces prochains jours 😉

  10. Marie BLANCHET dit :

    Moi je sais que je me heurte très fortement dans mes rapports avec mes enfants à ces besoins très forts de conformité que j’ai et que du coup je leur demande. La liberté de mes enfants me fait peur, je crois, certainement parce que je ne connais pas vraiment la mienne et que cette notion m’apparaît effrayante, comme synonyme d’une perte de contrôle…
    Même si tout mon être crie que ce n’est pas comme ça qu eje veux vivre, que mes enfants ont besoin d’autre chose, je ne sais pas sur quoi m’appuyer pour combler cette insécurité, ce vide créé par cette non-connaissance et donc cette transmission impossible…
    Cette question m’amène beaucoup d’angoisse et de tristesse

    • Thierry Pardo dit :

      C’est un chemin à parcourir, chacun à son rythme, il ne sert à rien de se faire violence, il faut laisser maturer.

    • Marie dit :

      Bonjour, votre témoignage me parle, je m’y retrouve. Je me permet d’y ajouter un commentaire.
      Dans votre première phrase, l’expression « ces besoins très fort de conformité » m’interroge, la conformité est elle un besoin ? Personnellement, je le vois plutôt comme un besoin de sécurité.
      Du coup, peut on trouver un moyen de combler ce besoin autrement que par « la conformité » ?

  11. Cinzia Colosio-Le Dem dit :

    Thierry Pardo où peut-on trouver votre thèse ? Puisque je pratique l’ief depuis 10 ans, je pensais que j’allais peu apprendre de cette première partie. vos explications mettent en évidence une réalité, une violence, une oppression que je ne savais pas nommer MERCI

  12. Routier Laure dit :

    La liberté… vaste question !!! Je suis quelqu’un qui cherche le juste milieu et la cohérence, et je suis en éternel questionnement sur jusqu’où va la liberté de chacun sans empiéter sur la liberté de l’autre. C’est aussi un mot très un vogue et utilisé pour revendiquer son droit à penser comme on veut ! Peut-on vraiment penser comme l’on veut ? De grands dictateurs ont imposé leurs pensées et leur liberté ! Je suis libre !!! J’ai le droit à ma liberté ! Je suis convaincue de cette liberté d’éducation, mais… 😉 jusqu’où va-t-elle, jusqu’où nos enfants sont libres ? Si je vis dans la société jusqu’où puis-je revendiquer mon droit à la liberté ? Est-ce que je pense juste ? Plein de questions… je me réjouis de découvrir la suite !

    • Thierry Pardo dit :

      Oui la liberté n’est jamais totale, absolue, elle n’est envisageable que par la liberté des autres, collective et solidaire, c’est l’idéal, peut-être l’utopie anarchiste, mais cela s’est déjà incarné dans l’histoire ici ou là

  13. Lucile monvoisin dit :

    Bonjour,
    Je suis maman de 3 merveilleux garçons, 4,7 et 8.
    Depuis leur rentrée au CP cette conformité est très dur à respecter pour mes enfants. A 6 ans, Elowan m‘a demandé un jour à la sortie de l’école, pleine de tristesse et de désarroi „Maman, pourquoi c’est les adultes qui choisissent la vie des enfants?“
    Cette phrase est restée gravée en moi!

  14. Katia Mourer dit :

    Pour être diplômée de différentes institutions (master à la fac puis master aux beaux arts) j’atteste du fait que les gens en place n’ont aucun intérêt à ce que les choses ne changent. Le système est un monstre qui se dévore pour se régénérer. Les « artistes » enseignants n’ont absolument pas intérêt à ce que l’élève dépasse le maître, en plus une remise en question, voire, une remise en cause du système pourrait rendre désuète leur production artistique!!! les étudiants sont là, l’institution est là pour leur assurer un salaire, et des idées (celles des étudiants) à exploiter au passage car eux sont déjà sur le marché…

  15. Emilie Nguyen Van dit :

    Il est plus facile de diriger quand les gens ne réfléchissent pas et savent répondre aux ordres. L’école, pour ma part, n’est autre qu’un système de contrôle, d’endoctrinement de plus, mis en place par les gouvernements. J’avais même lu que le niveau d’apprentissage avait été baisé volontairement dans certains pays pour que les peuples ne soit pas trop intelligent. J’adore ce lien de gestion plutôt que d’éducation. Quand je suis arrivée à l’université, on ne savait pas vraiment quoi faire de moi, je le sentais. L’Arts Plastiques et le fait que j’arrivais de Polynésie Française donnaient presque une légitimité à ma différence… 😉

  16. Emilie dit :

    Par rapport aux profs qui répondent par la gestion aux questions d’éducation, c’est un point qui m’intéresse particulièrement. Effectivement, pour ceux qui sont encore dans le système, il y a quand même quelques pistes pour essayer de travailler dans le système tout en essayant de respecter les enfants.
    Par exemple, Marshall Rosenberg (le père de la CNV, auteur notamment de « Enseigner avec bienveillance ») et Thomas Gordon (auteur notamment de « Parents efficaces » et « Devenir enseignant efficace : enseigner et être soi-même »).

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